Décroissance, comment faire ?
La croissance économique, telle qu’elle est actuellement, est dévastatrice. Non seulement elle épuise les ressources que la nature nous donne, elle produit des déchets qui nous empoisonnent et dont nous ne savons pas nous débarrasser, mais de plus elle génère des problèmes sociaux, des exclusions et elle constitue le ferment des guerres.
Bien sûr, les solutions pour inverser cette tendance existent mais elles ne sont pas, ou très peu et mal, mises en œuvre. Alors, comment faire ?
Pour cela plusieurs attitudes sont possibles, non exclusives entre-elles, en voici un aperçu, du particulier au général.
Action individuelle
Donc nous savons ce qui est nuisible, alors autant l’éviter. Il s’agit de limiter notre consommation de ressources naturelles, notamment celles qui sont rares ou qui s’épuisent vite ; c’est également produire moins de déchets, voire les valoriser, les recycler ; et aussi entrer dans l’économie du partage.
On peut résumer cela par la simplicité volontaire qui, depuis Épicure, a été promue notamment par Ivan Illich, Jacques Ellul, André Gorz, Serge Latouche, Paul Ariès et Pierre Rabhi.
Ce dernier rapporte la légende amérindienne du petit colibri qui apporte des gouttes d’eau pour éteindre un incendie de forêt, le toucan (ou le tatou selon les versions) lui fait remarquer qu’il n’est pas vraiment efficace, à quoi le petit colibri rétorque « Je fais ma part »1.
Dans beaucoup de cas, une initiative uniquement individuelle n’est pas possible, il faut se grouper. Ainsi apparaissent les AMAP mettant en relation producteurs et consommateurs, les monnaies locales visant à relocaliser l’économie et bien d’autres structures militantes.
Mais, comme le fait remarquer Claude Alphandery dans un article de Libération du 3 avril 20122, bien qu’il existe un bouillonnement d’initiatives intéressantes, il manque d’efficacité. De plus, ces actions restent très locales et sont de petite échelle. Il est utile de les fédérer afin de leur donner plus de moyens et de visibilité et cela se produit de plus en plus.
« Si tous et toutes les Françaises adoptaient un mode de vie comparable à celui de « Ça commence par moi », cela représenterait une économie annuelle de 583 millions de tonnes d’équivalent CO2. C’est énorme, et en même temps, ce n’est pas grand-chose par rapport aux six milliards de tonnes d’équivalent CO2 émises par le groupe Total. »3
Bien que certaines de ces actions aient un rôle marginal, elles informent la population qu’une autre démarche est possible. Elle peuvent aussi influencer les choix des élus.
Action collective
Pour cela plusieurs mouvements se sont créés comme le Réseau Objection de croissance, le Mouvement Colibris, les Amis de la terre... La diffusion de ces idées se fait aussi par une presse spécifique comme le journal « la Décroissance », la revue « Silence », "l’Âge de faire" ou le magazine « Kaizen ». Le cinéma participe aussi à cette communication avec, entre autres : « Nos enfants nous accuseront », « Sacrée croissance », « En quête de sens » et le film « Demain » qui a dépassé le million d’entrées en France suivi par "Après demain".
Ces médias et films sont vus surtout par les déjà convaincus. Les mouvements cités ci-dessus restent marginaux au vu des enjeux et, alors que le problème est mondial, restent très locaux. Quelques uns cependant ont réussi à gagner l’international, on peut citer entre-autres :
- Greenpeace, qui depuis sa création a élargi ses thèmes à défendre et qui par ses actions, souvent spectaculaires, bénéficie d’une audience médiatique ;
- le Fond mondial pour la nature (WWF Word Wide Fund for nature) pour la protection de l’environnement, de la biodiversité et pour la préservation des ressources naturelles ;
- Via Campesina, centré sur l’agriculture, notamment le respect de ses petites structures.
Cependant, les décideurs politiques et économiques restent encore dans leur logique productiviste et ils sont soutenus en cela par les médias de masse.
Alors, décidons !
Action politique
Et face à nos actions individuelles et collectives on a des camions super-lourds qui traversent nos pays, l’agriculture intensive qui dévaste nos écosystèmes, la maximisation des profits d’une minorité qui développe la précarité des autres.
A priori le pouvoir politique est celui qui gouverne le fonctionnement de la société et c’est assez le cas.
Mais ce pouvoir est influencé par les lobbies du productivisme. On l’a vu avec le recul sur l’écotaxe en France, aux atermoiements de l’Europe sur le sujet du glyphosate…
Alors, prendre ce pouvoir ?
Il y a des essais, créer des partis et mouvement politiques et se présenter aux élections... Les résultats ne sont pas fameux, le Parti pour la décroissance (PPLD) obtient moins de 0,1 % aux élections européennes de 2014, à ces mêmes élections, Europe Écologie Les Verts (EELV) obtient moins de 9 % ! Et ce parti n’a plus qu’un député en France contre 17 dans la législature précédente.
Décidément les électeurs ne sont pas convaincus et la prise de pouvoir n’est pas proche.
Cependant au niveau local, des avancées existent et semblent assez positives, quelques exemples :
- dans la Drôme à Saillans, une nouvelle majorité municipale met en place une démocratie participative4 ;
- à Grenoble,un candidat écologiste, Eric Piolle, devient maire dans une ville de plus de 150 000 habitants5 ;
- en Espagne à Marinaleda, depuis 1979, la commune fonctionne comme une coopérative6 ;
- en Asie centrale, le royaume du Bouthan se veut le pays du Bonheur National Brut7.
Donc ça marche, il faut le faire savoir !
Notes
1https://www.colibris-lemouvement.org/mouvement/nos-valeurs
2 http://www.liberation.fr/debats/2018/04/03/pourquoi-une-autre-economie-est-possible_1640829
3 Internet Actu (en fin d’article) : http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/transition-ecologique-nous-ne-pouvons-pas-seulement-la-faire-nous-memes/
4 https://reporterre.net/A-Saillans-les-habitants-reinventent-la-democratie
5 http://www.grenoble.fr/106-eric-piolle-maire-de-grenoble.htm
6 https://positivr.fr/marinaleda-espagne-village-utopie/
7 https://www.consoglobe.com/bhoutan-patrie-du-bonheur-national-brut-bnb-cg